Les Étendues imaginaires de Siew Hua Yeo, au cinéma à Belfort du 3 au 16 avril
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Découvrez la chronique de Renaud Sachet, rédacteur bénévole sur ce film :
« Inspecteur, votre question est trop métaphysique pour moi… »
Depuis maintenant deux ou trois décennies, les films qui nous viennent d’Asie semblent provenir d’une autre temporalité, du futur plus précisément. C’est simple, le monde décrit dans les films de tous genres semble s’éloigner du notre, plus immobile, plus constant. C’est sans doute lié à l’énorme accélération économique de la Chine et de ses satellites qui entraînent des changements colossaux dans tous les domaines : sociaux, politiques, scientifiques.
Au cœur de ce réacteur en fusion, se trouve Singapour, cité d’un futur dystopique, à la fois moteur et vitrine de la mondialisation. C’est dans cette cité-état d’exception que nous entraîne ce polar métaphysique et flottant qui trace le portrait des soutiers de ce navire impressionnant. Alors que la cité forte de sa puissance se prend de remodeler sa géographie dans des chantiers aux échelles surhumaines, des âmes isolées (ouvriers du Bangladesh, prostituées tenancières de cyber café, policiers fonctionnaires perdus) s’entrecroisent entre les autoroutes à 5 voies, les plages artificielles de sable importé, les forêts de grue dans une chaleur étouffante.
Dans cet écrasement des corps, subsiste un souffle de vie qui se libère à travers des épisodes de transes dans des parkings, sous des néons.
Le fil ténu qui relie ses corps est une enquête policière, mais peu importe finalement, qu’elle ait lieu dans la réalité, en rêve ou derrière la virtualité d’un écran de jeux vidéo, on ne sait pas vraiment de quoi sera fait le futur.
Renaud Sachet